Prix CoPo - Edition 2024

Le Prix CoPo fête ses 10 ans et pour cette nouvelle édition, sur 140 recueils au départ, et après plusieurs tours, ce sont 9 recueils qui ont été sélectionnés par les 16 membres du jury.

La sélection était encore une fois remarquable. L’ensemble des recueils fait preuve d’une écriture riche et rythmée avec toute cette singularité que nous aimons découvrir dans la poésie. 

Ce sont 235 lycéens de 8 classes normandes qui se sont plongés au cœur de ces œuvres, permettant ainsi d’aiguiser leur regard d’adolescents sur la poésie contemporaine.

Un grand merci aux autrices et auteurs, aux éditrices et aux éditeurs.

Prix CoPo 2024

Henri Alain 

« L’épingle acide, La montagne des géants » ed. blancs volants

Le mot du jury :

Un recueil dont l’écriture et les mots s’agencent avec finesse et rythme.

Il embarque le lecteur dans la beauté des montagnes, des géants, du trajet, du paysage qui se déroule au fil des pages, faisant ainsi écho en chacun de nous.

Dans l’écriture de ce recueil, on perçoit un véritable travail d’orfèvre, où chaque mot est soigneusement choisi et agencé révélant une brillante maîtrise de la langue.

En parallèle, les photos (mi négatifs) qui accompagnent les textes, enrichissent et prolongent la pensée.

 

Le jury accorde une attention particulière au travail de la maison d’édition, soulignant la beauté de l’objet et la qualité éditoriale. 

Prix CoPo des Lycéens 2024

Sofía Karámpali Farhat

« Zaatar » ed. Bruno Doucey

Le mot des lycéens :

La poétesse explore le thème complexe et délicat de la guerre et parvient paradoxalement, à insuffler de la beauté dans ce sujet.

Il y a une résistance face à la haine, elle fait de sa douleur une force : un message d’espoir immense, un appel à se battre pour ce à quoi on croit.

Les lycéens ont éprouvé beaucoup d’émotions à la lecture du recueil par son écriture puissante et touchante. 

Les 9 recueils sélectionnés par le CoPo

L’épingle acide, La montagne des géants – Henri Alain
Editions blancs volants

de l’ennui
les rades et la toujours
même gare la toujours
égale station essence à l’épicentre
du continent

Henri Alain est né à Melin en 1993. Après avoir arpenté plusieurs pays, il s’installe par hasard à Bruxelles où il crée, avec Célestin de Meeûs, l’Angle Mort éditions en 2018. Il vit désormais dans les hauteurs du Morvan où il continue de faire ce qui lui plait.

Les Cheminants – Tarek Essaker
Editions l’Arbre à paroles

Face à l’omnipotence dudit Dieu des hommes, face au diktat du patriarche et du monothéisme, Aghar, Agar ou Hajer -selon les diverses graphies – femme libre rendue esclave pour assurer la descendance du patriarche, fut ensuite rejetée, répudiée et renvoyée dans le désert.

Dans son errance, lors de ses cheminements, Aghar, nommée folle devint ainsi au regard des communautés des hommes, la femme figure de la rupture, de la remise en question de la vérité et de l’ordre établi, comme le signe d’une parole autre et d’un chant énigme.

Ici, s’ancre le récit d’Aghar et des Cheminants

Zaatar – Sofía Karámpali Farhat
Editions Bruno Doucey

Je suis née sous les bombes
je mourrai sous les mots
qu’il pleuve sur moi des torrents – infinis
je me redresserai
mouillerai mes cheveux
et danserai encore

Sofía Karámpali Farhat choisit de confier sa vie à la poésie. Une poésie à l’image du zaatar : sauvage et parfumée, s’épanouissant fièrement même au milieu des décombres. Sa poésie est une invitation à résister, encore et toujours, à ceux qui tentent d’enfermer les corps et les esprits. Un premier recueil placé sous le signe de la lutte et de la vie.

Par elle se blesse – Julia Lepère
Editions Flammarion

Il joue encore sans me voir
De la guitare jusqu’aux ifs même écroulé
Et voilà que mes mains tentent de se faire arbre pour
L’éprouver de loin épouser sa caresse

Et voilà que l’eau monte à l’idée
D’une étrangère sous la brise des colonnes

Une lumière angulaire et son grave,
Je frappe autant que je peux sur mon clavier fixe les formes
Passées du mur

Il fait frémir les roses et ne les aimant pas, vous ai-
Je parlé de ce pouvoir qu’il avait le mien

Est dans cette porte Laissée ouverte

La fin du monde – Samuel Deshayes & Guillaume Marie
Editions Lanskine

À cet instant
     le dernier renard volant
     tomba de sa branche.

Samuel Deshayes et Guillaume Marie sont journaliste l’un, enseignant l’autre. Parisien l’un, provincial l’autre.  Si l’un est myope, l’autre est hypermétrope.
Mais ils chaussent tous les deux du 43.

Vacance – Victor Malzac
Editions Cheyne

dans les salles de sport, dans les jardins publics, dans le garage
ou dans ma chambre, les tractions, les machines, les haltères,
la fonte, je me muscle, je grandis, je refais mes épaules,
mon dos juste pour toi, mes bras, mes fesses, mes abdominaux pour toi,
pour ton envie, ta faim de sable et de graisse, pour me baigner sans problème,
sans peur et sans chagrin, la poitrine très fière, la vitesse, la cavalerie,
les hormones, l’espoir, la chance de ma vie.

La septième lèvre – Miel Pagès 
Editions blast

Dans La septième lèvre s’écrivent mille et une façons de penser et de dire le corps, les relations ou dieu. Ce recueil déploie une poésie ancrée dans le quotidien, une poésie mêlée d’instantanéité et d’images dans laquelle on assiste à une mise à l’épreuve du soi et du temps. Il s’agit d’une invitation à questionner la représentation et le lien social. Ces cantiques féministes et queers nous immergent dans une lutte intériorisée, intime, un temps par et pour soi en vue d’un être collectif au monde. 

Dans une narrative, pop et cinématographique se fait également entendre un élan spirituel, souvent oublié des combats féministes et qui vient ouvrir des champs d’enpouvoirement. 

Vers le Nord – Stéphanie Quérité
Editions La Boucherie Littéraire

N’allait pas me faire croire que brug
voulait dire pont en néerlandais.
Je ne croyais plus au principe de traduction
qui se voulait passerelle. 
Je posais des bombes aux pieds des – élaborations.

Je ne sais aucune berceuse en ma langue natale qui n’était pas maternelle puisque ma mère étrangère ne possédait pas cette langue qui était celle du pays où je suis née mais pas celui d’où elle-même l’était.

La vengeance est à l’origine de ma poésie
et de mon désir de défendre
celles et ceux qui n’ont pas les mots pour le – dire

Nous sommes des marécages – Hortense Raynal
Editions maelstrÖm reEvolution

nos cartes se rencontrent
nos reliefs nos mares et nos étangs
j’avais pensé j’avais stagné
même quand on ne ressent rien
on ressent ce qui stagne en nous

Une conversation continue se met en place entre la poétesse et les reliefs, qui se confondent avec les vivants et les défunts. Elle écoute ce silence vert d’eau, cette parole invisible, terreuse et aqueuse, dans une immobilité de marais qui n’a pas peur de stagner.
Pour qui perd son chemin, c’est une cartographie poétique qui punaise d’autres repères plus intimes et compréhensifs sur la carte, tisse des fils, lasse des traces.

et à nouveau, nos marécages.

La suite du Prix CoPo


Nous vous donnons rendez-vous le dimanche 26 mai à La Factorie-Maison de Poésie de Normandie dans le cadre du festival POESIA pour une rencontre avec les deux lauréats puis le vendredi 21 juin pour la remise officielle des Prix au Marché de la Poésie à Paris.

En mai, Sofia KARAMPALI FARHAT la lauréate du Prix CoPo des lycéens rencontrera les 8 classes dans les établissements pour un moment d’échanges autour de son recueil.

Lycée Senghor à Evreux (27)
Lycée Malraux à Gaillon (27)
Lycée Flaubert à Rouen (76)
Lycée Le Hurle-Vent La Tréport (76)
Lycée Le Verrier à Saint-Lô (50)
Lycée Des Andaines à La Ferté-Macé (61)